Al-Khattâbiy a dit :
“La nacîhah est un mot qui traduit la phrase : vouloir le bien pour le mansoûh (celui à qui est adressée la nacîhah)”.
Il a dit également :
(…)
“Le sens de la nacîhah à Allah : croire correctement à Son Unicité et avoir une intention sincère dans Son adoration.
Le sens de la nacîhah à Son Livre : y croire et appliquer ce qu’il contient.
La nacîhah à Son Messager : Croire en sa Prophétie, et s’efforcer de lui obéir en ce qu’il a ordonné et interdit.
La nacîhah au commun des musulmans : leur indiquer ce qui est bien pour eux.”
Aboû ’Abdi-lleh Mouhammad Ibn Nasr Al-Mirwazî dans son livre Ta’zhimou Qadri-Ssalâh dit que certains hommes de science ont expliqué ce hadith d’une façon si belle, qu’on ne peut rien y ajouter.
Nous rapportons ici ce passage comme il est, In shâ Allahou Ta’âlâ :
Mouhammad Ibn Nasr dit : Certains hommes de science ont dit :
L’explication [du mot] nacîhah peut être résumée en disant : accorder de l’attention avec son coeur au destinataire de cette nacîhah, quel qu’il soit.
Elle se divise en deux catégories : ce qui est obligatoire et ce qui est méritoire.
-La nacîhah obligatoire faite à Allah : c’est l’extrême attention de la part de la personne pour suivre [le chemin de] l’amour d’Allah, en appliquant ce qu’Il a ordonné et en évitant ce qu’il a interdit.
-Quant à La nacîhah à Allah qui est méritoire : C’est de préférer Son amour à l’amour de soi.
Ceci se manifeste lorsqu’on se trouve confronté à deux choix : l’un pour soi et l’autre pour son Seigneur, et qu’on commence alors par ce qui est pour son Seigneur, et qu’on retarde ce qui est pour soi.
Voilà donc globalement l’explication de la nacîhah qui est faite à Allah, ce qui est obligatoire, et ce qui est méritoire.
Nous citerons des exemples pour que soit compris par l’explication ce qui n’a pas été compris par l’énonciation.
-L’obligatoire
c’est éviter les interdictions [d’Allah], pratiquer correctement ses obligations avec toutes ses forces tant qu’on est capable de le faire.
Si jamais on se trouve incapable de pratiquer correctement à cause d’un mal (maladie, emprisonnement, ou autre), [on doit] avoir l’intention de faire ces obligations dès que l’empêchement disparait.
Allah dit (traduction approchée) :
“Nul grief sur les faibles, ni sur les malades, ni sur ceux qui ne trouvent pas de quoi dépenser (pour la cause d’Allah), s’ils sont sincères envers Allah et Son messager. Pas de reproche contre les bienfaiteurs. Allah est Pardonneur et Miséricordieux”. [1]
Il les a appelé mouh’cinîn (bienfaiteurs) car ils ont fait la nacîhah à Allah avec leurs coeurs, quand ils ont été dans l’impossibilité de faire le djihâd avec leurs âmes.
Parfois, tout acte est absent, mais reste la nacîhah à Allah. Lorsqu’on est malade au point de ne rien pouvoir faire avec ses membres, que ce soit avec la langue ou autre, l’esprit reste intègre ayant la nacîhah à Allah toujours présente : il regrette ses péchés, et garde l’intention d’appliquer ce qu’Allah lui a ordonné et d’éviter ce qu’Il lui a interdit, dès qu’il aura guéri.
Dans le cas contraire, il n’aura pas fait de nacîhah à Allah.
(…) Parmi la nacîhah que l’on doit obligatoirement à Allah, il y a aussi le fait de ne pas être satisfait de la désobéissance d’un pécheur, et le fait d’aimer ceux qui obéissent à Allah et à son messager.
-Quant à la nacîhah méritoire que l’on doit à Allah
c’est de s’efforcer de Le préférer à toute chose aimée par le coeur et le corps. (…)
Car si celui qui fait la nacîhah à quelqu’un fait un effort sincère, il ne lui préfèrera pas sa propre personne, et fera tout ce qui pourrait suciter la joie et l’amour chez cette personne.
De même pour celui fait la nacîhah à Allah (…)
-Pour ce qui est de la nacîhah pour Le Livre d’Allah
C’est l’extrême amour pour lui, le fait de le révérer pour son importance, car c’est La Parole du Créateur, l’extrême ardeur pour le comprendre, l’extrême attention dans sa méditation, le fait de s’arrêter en le lisant pour checher le sens que notre Seigneur a voulu que nous comprenions ou que nous appliquions pour lui obéir une fois qu’on l’aura compris.
Ainsi, si une lettre d’un riche parvenait à une personne qui fait de la nacîhah aux gens, il [chercherait à la] comprendre pour appliquer ce qu’il lui a écrit. De même pour celui fait la nacîhah pour Le Livre de son Seigneur.
C’est à dire qu’il [doit] le comprendre pour appliquer, pour Allah, ce qu’Il lui a ordonné de la façon que notre Seigneur aime et agrée.
Puis [il doit] diffuser cette compréhension parmi les gens, et toujours continuer à étudier [le Livre d’Allah] en l’aimant, en adoptant les bons caractères qui y sont décrits et l’éthique qu’il porte en lui.
-Quant à la nacîh’ah qui est fait au Messager d’Allah صلى الله عليه وسلم
De son vivant, [elle consistait à] s’efforcer de lui obéir, de l’assister, de l’aider, de donner de l’argent s’il en a besoin, et de (…) l’aimer.
Après sa mort, [elle consiste à] s’occuper d’étudier sa sounnah, ainsi que ses bons caractères et son éthique, donner de l’importance à ses ordres, s’obliger de les appliquer, se mettre durement en colère contre celui qui suit autre chose que sa sounnah, et se détourner de lui ; et se mettre aussi en colère contre celui qui applique [cette sounnah] pour un but d’ici-bas (…).
[Cette nacîhah au Prophète consiste aussi à] aimer ceux qui avaient un lien de parenté avec lui, ceux qui ont fait la hidjrah [2] avec lui, ceux qui l’ont assisté, et ceux qui l’ont accompagné [ne serait-ce qu’] un moment de jour ou de nuit en étant musulmans.
[Elle consiste également] à l’imiter dans ses habits et sa façon de se vêtir.
-La nacîhah pour les gouvernants des musulmans
C’est le fait de souhaiter qu’ils soit droits, sages et justes, aimer que la communauté se réunisse autour d’eux, détester que la communauté se réunisse contre eux, leur montrer de l’obéissance dans ce qui correspond à l’obéissance à Allah, détester ceux pensent qu’il faut se rebeller contre eux , et souhaiter qu’ils soient forts dans l’obéissance d’Allah.
-La nacîhah pour le commun des musulmans
C’est d’aimer pour eux ce que l’on aime pour soi, de détester pour eux ce que l’on déteste pour soi, d’avoir de la pitié pour eux, d’avoir de la miséricorde avec les plus jeunes d’entre eux, d’avoir de la révérence pour les plus vieux d’entre eux, de s’attrister pour ce qui les attriste, de se réjouir pour ce qui les fait se réjouir, même si cela lui nuit dans la vie d’ici-bas.
Comme par exemple leur vendre de la marchandise à bas prix, même si cela lui fait perdre le gain qu’il aurait pu faire avec son commerce.
C’est aussi le fait de détester tout ce qui leur nuit en général, et d’aimer ce qui les mène vers la réforme, aimer tout ce qui fait qu’ils s’aiment entre eux, et souhaiter que les bienfaits leur soient toujours accordés.
[Cela consiste aussi à] leur porter secours contre leurs ennemis, et à repousser tout mal ou chose détestable qui les touche…
[1] Sourate At-Tawbah (le désaveu ou le repentir) ; verset 91
[2] exode de la Mecque vers la ville de Médine
Jâmi’ Al-’Ulûm Wal Hikam de Ibn Rajab
Traduit par Adel Abd Allah
✅ Publié par sounna.com
Imam Zayn ud-Deen Ibn Rajab al-Hanbali – الإمام زين الدين ابن رجب الحنبلي