Question :
Est-il permis de contrer [l’effet] d’un sort par un sort similaire ? Ou plutôt, est-il permis de se défendre par la sorcellerie contre un sort quelconque, même si je sais que cela fait partie des sept péchés majeurs ? Voici, en résumé, mon problème : j’ai un proche qui a perdu la vue à trois reprises et les exorciseurs disent que c’est à cause (de l’œuvre) d’un sorcier ou d’un charlatan qui a agi sur la demande d’une personne qui veut corrompre la relation conjugale [de ce proche] et nous ne savons pas quelle en est la cause ? À chaque fois, après la séance d’exorcisme (Ar-Rouqya), Allâh donne la guérison après un certain temps, puis le mal revient et l’homme perd la vue de nouveau. Or, vous savez bien combien la vue est importante pour nous ! Pour cela, nous voudrions trouver la solution qui, par la permission d’Allâh, nous protégera de ces adorateurs du démon. M’est-il permis de faire comme eux et d’utiliser un sort similaire pour contrer ce sort, ou bien que m’est-il possible de faire ? Qu’Allâh vous récompense.
Réponse :
Louange à Allâh, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh عزّ وجلّ a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Ceci dit :
Sache que le fait de se soigner au moyen de la sorcellerie est interdit dans la religion, car Allâh عزَّ وجلَّ dit :
﴿وَاتَّبَعُوا مَا تَتْلُو الشَّيَاطِينُ عَلَى مُلْكِ سُلَيْمَانَ وَمَا كَفَرَ سُلَيْمَانُ وَلَكِنَّ الشَّيَاطِينَ كَفَرُوا يُعَلِّمُونَ النَّاسَ السِّحْرَ وَمَا أُنْزِلَ عَلَى الْمَلَكَيْنِ بِبَابِلَ هَارُوتَ وَمَارُوتَ وَمَا يُعَلِّمَانِ مِنْ أَحَدٍ حَتَّى يَقُولاَ إِنَّمَا نَحْنُ فِتْنَةٌ فَلاَ تَكْفُرْ فَيَتَعَلَّمُونَ مِنْهُمَا مَا يُفَرِّقُونَ بِهِ بَيْنَ الْمَرْءِ وَزَوْجِهِ وَمَا هُمْ بِضَارِّينَ بِهِ مِنْ أَحَدٍ إِلاَّ بِإِذْنِ اللهِ وَيَتَعَلَّمُونَ مَا يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنْفَعُهُمْ وَلَقَدْ عَلِمُوا لَمَنِ اشْتَرَاهُ مَا لَهُ فِي الآخِرَةِ مِنْ خَلاَقٍ وَلَبِئْسَ مَا شَرَوْا بِهِ أَنْفُسَهُمْ لَوْ كَانُوا يَعْلَمُونَ﴾ [البقرة: 102].
﴾Et ils ont suivi ce que les démons lisaient au sujet de Soulaymâne, alors que Soulaymâne n’a pas mécru, mais ce sont les démons qui ont mécru ; ils enseignent aux gens la sorcellerie et ce qui a été révélé aux deux anges à Babel, Hâroût et Mâroût ; ils n’enseignent à personne sans lui dire auparavant : ‘’Nous ne sommes qu’une tentation, ne mécrois donc pas’’ ; ainsi, ils apprennent d’eux ce par quoi ils séparent un homme de sa femme et ils ne peuvent nuire par cela à personne sans la permission d’Allâh ; ils apprennent ce qui leur nuit et ne leur profite pas, alors qu’ils ont su que celui qui l’achète n’aura aucune part dans l’au-delà. Quel est mauvais le prix auquel ils ont vendu leurs âmes, si seulement ils savaient !﴿ [s. Al-Baqara (la Vache) : v. 102]
Allâh عزَّ وجلَّ dit aussi :
﴿وَلاَ يُفْلِحُ السَّاحِرُ حَيْثُ أَتَى﴾ [طه: 69].
﴾et le sorcier ne réussit pas où qu’il se rende﴿ [s. Tâ Hâ : v.69].
Le Prophète ﷺ dit : «Évitez les sept péchés qui mènent à la perdition.» Et il mentionna parmi eux la sorcellerie(1). Il est également rapporté authentiquement qu’Ibn Mas‘oûd رضي الله عنه a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allâh ﷺ dire : ‘‘ Les incantations [Ar-Rouqâ], les amulettes [At-Tamâ’im] et At-Tiwala relèvent du polythéisme.’’.»(2) Le mot Ar-Rouqâ dans le hadith désigne les formules d’exorcisme non conformes à la religion, le mot At-Tamâ’im désigne ce que l’on accroche pour repousser le mauvais œil et At-Tiwala est une chose par laquelle la femme s’attire l’amour de son mari et c’est une sorte de sorcellerie. Le hadith indique, donc, qu’il est interdit de se soigner par la sorcellerie et par tout ce qui contredit At-Tawhîd dans le sens où le cœur de l’individu s’attache à autre qu’Allâh عزّ وجلّ pour repousser la nuisance ou pour attirer le bien. Djâbir Ibn ‘Abdillâh رضي الله عنهما rapporte que le Prophète ﷺ a été interrogé au sujet de An-Nouchra(3) et il dit : « C’est de l’œuvre du démon. »(4). En effet, l’œuvre du démon est blâmable et détestable et est religieusement interdite, et la Sounnah nous a indiqué les formules d’exorcisme qui sont permises. Ibn Al-Qayyim رحمه الله a dit : « Et parmi les meilleurs soins pour guérir la sorcellerie, ce sont, certes, les soins divins. Ils sont même les soins les plus efficaces contre ce mal. La sorcellerie est, en réalité, une influence des âmes maléfiques et inférieures et cette influence se repousse par ce qui s’y oppose, comme les formules d’Adh-Dhikr, les versets et les invocations qui annulent leur effet.»(5)
En conclusion, ce qui est pratiqué par le Coran, les invocations et les médicaments licites est permis et ce qui est fait au moyen de la sorcellerie est interdit.
Alger, le 11 de Djoumâdâ Ath-Thâniya 1426 H
correspondant au 17 juillet 2005 G.
(1) Rapporté par Al-Boukhârî (2766) et Mouslim (89), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.
(2) Rapporté par Aboû Dâwoûd (3883) et Ibn Mâdjah (3530), d’après Ibn Mas‘oûd رضي الله عنه ; jugé authentique par Al-Albânî dans As-Silsila As– Sahîha (331).
(3) Le mot “An-Nouchra” est dérivé de “Nachr As-Sihr” qui veut dire : annuler la sorcellerie. Le sens voulu dans le hadith est : l’annulation qui est pratiquée à l’aide d’une autre sorcellerie. Cependant, l’annulation est permise si elle est faite au moyen du Coran ou autres (comme les invocations authentiques). (NDT).
(4) Rapporté par Aboû Dâwoûd (3868) et mentionné par Al-Albânî dans As-Silsila As–Sahîha (2760).
(5) Voir : Zâd Al-Ma‘âd d’Ibn Al-Qayyim (4/126).