Question :
Qu’Allâh vous bénisse.
[Le] questionneur [aux initiales] F. M. ‘A. CH. dit :
« Honorable Chaykh, comment l’amour (mahabbah) en Allâh peut se concrétiser [entre musulmans] ?
Je souhaite de votre part [une réponse] profitable ? »
Réponse :
L’amour en Allâh a lieu lorsque tu aimes un homme parce qu’il est [un fervent] adorateur [d’Allâh] (‘âbid), pieux (sâlih) et non pas parce qu’il est ton proche (qarîb), a des biens (mâl) ou parce que sa personnalité (khalq) et son apparence (manzar) te plaisent et tout ce qui peut être similaire à ce [genre de fausses raisons].
Tu dois l’aimer seulement pour sa religiosité (dîn) et sa piété (taqwah).
Ce [véritable] amour en Allâh [poussera] chacun de vous deux à enjoindre l’autre, l’obéissance d’Allâh et il a été certainement affirmé dans le hadîth authentique, d’après Abî Hurayrah – l’Agrément d’Allâh sur lui -, que le Prophète – Prière et Salut d’Allâh sur lui et sa Famille – a dit :
« Sept personnes seront à l’ombre d’Allâh le Jour où il n’y aura plus d’ombre que la Sienne :
le souverain équitable ;
Le jeune homme qui a éteint l’ardeur de sa jeunesse dans l’adoration d’Allâh ;
l’homme dont le cœur est attaché aux mosquées (qui tient à s’y rendre et à y attendre la prière) ;
deux hommes qui, s’aimant en Allâh, se réunissent pour Allâh et se séparent selon Son décret (par la mort) ;
l’homme qui refuse l’invitation à la fornication offerte par une belle femme de haute naissance, en disant : « Je crains Allâh » ;
l’homme qui fait l’aumône en secret au point que sa main droite ignore ce que vient de dépenser sa main gauche ;
et l’homme, en retraite spirituelle, qui invoque Allâh et a, par attendrissement, les larmes aux yeux. »
(Muslim : 1712)
Le repère ici, c’est sa parole [- Prière et Salut d’Allâh sur lui -] :
«… deux hommes qui, s’aimant en Allâh, se réunissent pour Allâh et se séparent selon Son décret (par la mort) … »
Je [tiens à] mettre en garde à l’extrême surtout les femmes sur le fait que cet amour pour Allâh devienne un amour avec Allâh car certaines gens, tombent dans [un] amour abusif (gharâm) de leur frère ou sœur en Allâh au point que dans son cœur, l’amour de cette personne devient plus intense que l’amour à l’égard d’Allâh car elle [a fini par devenir] la seule [personne] qui est toujours dans son cœur [au point que] lorsqu’elle s’endort, elle l’a toujours dans sa pensée de même lorsqu’elle se réveille, sort et rentre [jusqu’à ce que] son rappel [surpasse celui] d’Allâh – à Lui la Puissance et la Gloire – et ceci constitue un polythéisme (chirk) dans l’amour.
[En effet,] Allâh le Très-haut dit (traduction rapprochée) :
“165. Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d’Allâh, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allâh. …” (Coran : Al-Baqarah – la Vache/s. n°02, v. n°165)
Et effectivement, le mal (chakwâ) [qui peut] résulter à ce sujet [est que par exemple, une] femme aime sa consœur (zamîlah) ou son enseignante [d’] un amour intense (chadîd).
[Celui-ci,] s’emparera de son cœur (qalb), sa pensée (fikr) ainsi que sa raison (‘aql) jusqu’à que cette dernière sera tout le temps dans son esprit (bâl) et oubliera, par elle, le rappel d’Allâh.
Ceci est une faute (kha ta-) et [quelque chose] de dangereux (khatar) et ce qui est obligatoire pour la personne atteinte de cette maladie (dâ-) c’est d’essayer de trouver un remède autant qu’elle peut mais lequel ?
Vu le stade (manzilah) [avancé] de la situation (hâl).
[En vérité,] le remède c’est qu’elle se rappelle, premièrement, que l’amour d’Allâh le Très-haut est au-dessus de toute chose d’une part et d’autre part, [elle devra oeuvrer à] rénover son cœur sur l’amour d’Allâh et sur ce qui consolidera ce dernier dans le cœur du serviteur [comme] la continuité (dawâm) du rappel d’Allâh, la multiplication (kathrah) de la lecture du Coran et des bonnes œuvres ainsi que le détournement des désirs (chahawât) et passions (hawâ-) de l’âme (nafs).
Deuxièmement, [elle devra s’] éloigner (ibti’âd) de certaines choses qui ont touchés son cœur jusqu’à ce degré [excessif d’] amour et [ainsi que s’] adonner à autre chose [de licite].
Si cela n’est pas profitable [pour le bon état de son cœur, alors,] il sera [nécessaire qu’] elle s’éloigne d’elle définitivement (nihâ iyyan) et de couper les liens ( silah) avec elle jusqu’à ce que cet amour s’atténue, que [son] ardeur disparaisse et s’apaise.
[Finalement, si cela fonctionne, qu’elle aime d’un] amour normal (‘âdiyah).
Et [c’est] à cause de ces nombreux maux (chakwâ) que j’ai voulu avertir pour que l’amour en Allâh cesse de progresser jusqu’à ce qu’il soit aux côtés d’Allâh car c’est un type (naw’) du polythéisme dans l’amour.
Fatwâ issue de « fatâwâ nûrun ‘alâ-ddarb ».
✅ Publié par mukhlisun.over-blog.com
Cheikh Mouhammad Ibn Salih Outheymine – الشيخ محمد بن صالح العثيمين