L’interdiction de boycotter un musulman présente des exceptions.
-Ainsi s’il y a un intérêt religieux découlant du boycott, cela est alors permis
C’est le cas d’un musulman qui commettrait des péchés et que l’on boycotterait afin qu’il se remette en question concernant ses actes illicites.
Si en revanche le fait de le boycotter risque de l’éloigner encore plus du droit chemin, il ne convient pas de le faire.
En effet, le boycotter l’éloignera de la vérité et le corrompera plus encore.
Il faut donc conseiller cette personne.
Et dans le cas cas où le boycott ne lui fait aucun effet, il ne convient pas de rompre les liens avec elle.
Cheikh al islam a tenu des propos intéressants concernant le boycott (hajr) comme on peut le voir dans Majmu3 Al fatawa (28/203).
Je vais citer ses propos en intégralité en raison de leur pertinence.
Il a ainsi dit :
le Hajr accepté par la législation est de deux types :
le 1er consiste à délaisser les interdits
et le 2nd est une sorte de punition pour avoir commis un interdit.
Le premier est celui cité dans la parole d’Allah (traduction rapprochée) :
“Quand tu vois ceux qui pataugent dans des discussions à propos de nos versets, éloigne-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils entament une autre discussion. Et si le Diable te fait oublier, alors dès que tu te rappelles, ne reste pas avec les injustes.” Sourate al an’am verset 68
“Dans le livre, il vous a déja révélé ceci : lorsque vous entendez qu’on renie les versets (le coran) d’Allah et qu’on s’en raille, ne vous asseyez point avec ceux là jusqu’à ce qu’ils entament une autre conversation. Sinon, vous serez comme eux” Sourate an nissa verset 140
Ces versets indiquent qu’il n’est pas permis d’assister à des choses répréhensibles sans que le besoin ne s’en fasse sentir, comme le fait de s’asseoir avec des gens qui consomment de l’alcool.
Ainsi, si on est invité à un mariage où l’on joue de la musique et où l’on consomme de l’alcool, il est interdit de répondre à cette invitation, et ainsi de suite.
En revanche ce n’est pas le cas d’une personne qui assiste à ces assises dans le but de condamner ce qu’elle voit ou une personne qui y assiste malgrès elle.
C’est pour cette raison que l’on dit : “assister à un mal, c’est comme le commettre”
Dans un hadith, le prophète (sallallahou 3alaihi wa sallam) a dit :
” Que celui qui croit en Allah et au jour dernier ne s’asseye pas à une table ou de l’alcool est consommé. “
Ce type de hajr est le même que celui pratiqué par le musulman lorsqu’il délaisse les choses répréhensibles comme l’a dit le prophète (sallallahou 3alaihi wa sallam) :
” l’émigré est celui qui délaisse ce qu’Allah a interdit “
On peut aussi y inclure le fait d’émigrer d’un pays de mécréance et de perversité pour se rendre dans un pays d’Islam et de foi.
En effet, émigrer c’est délaisser la résidence parmis les mécréants et les hypocrites qui ne laissent pas le musulman faire ce qu’Allah lui a ordonné.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la parole d’Allah (traduction rapprochée) :
” Et de tout péché écarte toi “ sourate al muddathir verset 5
-Le second type de Hajr est celui pratiqué dans un but éducationnel
Il s’agit de boycotter les personnes qui commettent des choses répréhensibles jusqu’à ce qu’elles se repentent.
Ainsi, le Prophète (sallallahou 3alaihi wa sallam) et les musulmans ont boycotter les trois compagnons dont Allah a retardé le jugement jusqu’à ce qu’Il révèle au prophète qu’Il acceptait leur repentir.
Ces trois compagnons avaient délaissé le jihad obligatoire pour eux sans excuse valable.
Le Prophète (sallallahou 3alaihi wa sallam) les a donc boycottés bien qu’il ne boycottait pas ceux qui faisaient le bien en apparence, même s’ils étaient hypocrites.
Ce boycott doit donc être considéré comme une sorte de punition.
L’application de ce type de Hajr dépend de la situation de ceux qui veulent le pratiquer : sont-ils forts, faibles, nombreux, peu nombreux ?
En effet, le but du boycott est que la personne boycottée se remette en question et qu’elle se corrige.
Cela permet d’éviter que le commun des musulmans ne suive son exemple.
Si donc l’intérêt général réside dans le boycott de cette personne de telle façon que le mal diminue et disparaisse, ce boycott est alors légiféré.
Si en revanche ni la personne boycottée, ni personne d’autre ne se remet en question, et au contraire le mal ne cesse de s’accroitre tandis que le boycotteur est faible de sorte que les dommages sont plus importants que les intérêts, alors le boycott n’est plus légiféré.
Être conciliant avec certaines personnes est même parfois plus bénéfique que de les boycotter.
De même boycotter certaines personnes est plus bénéfique que d’être conciliant avec elles.
C’est pour cela que le Prophète était conciliant avec certaines personnes et en boycottait d’autres.
Il faut savoir aussi que les 3 compagnons qui ont été boycottés étaient plus méritants que beaucoup des nouveaux musulmans que le Prophète (sallallahou 3alaihi wa sallam) accomodait (Al Mu’allafah Qulubuhum).
En effet, ces derniers étaient des chefs respectés dans leurs tribus, c’est pourquoi l’intérêt religieux dictait de les gagner à la cause islamique.
En revanche les 3 compagnons susmentionnés étaient des croyants parmi tant d’autres.
Les boycotter a eu pour conséquence de rendre l’islam plus fort et de les purifier de leurs péchés.
On peut comparer cela au fait que la relation avec l’ennemi passe parfois par la guerre, parfois par la paix, et parfois par le paiement d’un tribut aux musulmans.
Tout ceci dépend de la situation et de l’intérêt général.
Boycotter quelqu’un plus de 3 nuits pour des raisons personnelles est interdit.
Il existe cependant des exceptions : ainsi il est permis au mari de ne plus partager la couche de son épouse si elle est désobéissante, même si cela dure plus de 3 nuits, de même que les 3 compagnons dont nous avons parlé plus haut ont été boycottés plus de 3 jours.
Il faut donc faire une nette distinction entre le fait de boycotter pour Allah et boycotter pour des raisons personnelles.
Le 1er est un impératif alors que le 2nd est interdit, car les croyants sont frères.
Fin des propos de sheikh al islam
Rappel tiré du livre nassihati li nissa (conseils pour les femmes musulmanes) de umm abd’illah al wadiyya (fille du cheikh muqbil rahimaAllah)
copié de el-ilm.net
Cheikha Umm ‘Abdillah Al-Wadi’iya – الشيخة أم عبد الله الوادعية